Armée : Gérard Longuet recrute un expert chez Julien Courbet (Par François Krug)

Gérard Longuet vient de confier une mission sur la « judiciarisation des conflits » à maître Gérard Michel, rendu célèbre par sa participation aux émissions de Julien Courbet. Simple coïncidence sans doute : l’avocat était intervenu dans deux affaires gênantes pour le futur ministre de la Défense et, comme lui, il a longtemps été élu local en Lorraine.

« Sans aucun doute » sur TF1, « Service maximum » sur France 2, « Ça peut vous arriver » sur RTL : maître Michel s’est fait connaître du grand public en accompagnant l’animateur Julien Courbet dans sa chasse aux escrocs. De quoi éclipser une carrière bien remplie, comme avocat pénaliste mais aussi homme politique. Venu des radicaux de gauche, Gérard Michel a été pendant presque vingt ans adjoint au maire de Nancy, le radical de droite André Rossinot.

L’affaire du chauffeur et de la villa de Longuet

A 61 ans, Gérard Michel a pris sa retraite du barreau de Nancy, mais il va pouvoir ajouter une ligne à son CV. Comme l’a annoncé lundi L’Est républicain, le ministre de la Défense l’a choisi pour réfléchir à la « judiciarisation des conflits ». En clair, le statut juridique des militaires en cas de plaintes pour des faits commis sur le terrain. Le choix de l’avocat lorrain a immédiatement fait tiquer un blogueur local, Raphaël Vuitton.

On ignore en effet si Gérard Longuet est fan de Julien Courbet, mais le ministre de la Défense connaît bien le parcours de Gérard Michel en dehors des studios. Ancien président du conseil régional de Lorraine, député puis sénateur de la Meuse, il est après tout un des meilleurs experts de la politique locale.

Surtout, le nom de Gérard Michel doit lui rappeler deux affaires embarrassantes. La première est cocasse. En juillet 2001, les policiers de Nancy repèrent une voiture de fonction du conseil régional roulant à contresens. Le chauffeur de Gérard Longuet se dénonce à la demande de sa hiérarchie… avant qu’on ne découvre que le conducteur était en fait Gérard Longuet lui-même. Dans cette affaire enterrée, maître Michel était l’avocat du chauffeur.

Sortir des coteries parisiennes

La seconde affaire avait, elle, obligé Gérard Longuet à démissionner du gouvernement Balladur. Alors ministre de l’Industrie, il s’était fait construire une villa à Saint-Tropez par un entrepreneur de la Meuse, René Céréda. Echange de bons procédés ? Gérard Longuet et René Céréda seront définitivement relaxés en 1998. L’avocat de l’entrepreneur ? Maître Michel.

Contacté par Rue89, Gérard Michel est parfaitement serein et n’y voit que des coïncidences. L’affaire de la voiture ? « J’étais l’avocat de la collectivité, et le chauffeur avait droit automatiquement à son assistance juridique. » La villa de Saint-Tropez ? « J’étais l’avocat de l’entrepreneur depuis une vingtaine d’années. »

Maître Michel l’assure, ces histoires anciennes et la politique locale n’ont rien à voir avec la mission qui lui a été confiée. Et il ne se considère pas comme un proche de Gérard Longuet :

« C’est évidemment quelqu’un que j’ai croisé et recroisé. Même si on a souvent eu des différends, c’est quelqu’un pour lequel j’ai de l’estime et qui a pour moi, je l’espère, de l’estime professionnelle.

Je pense qu’il a voulu aussi sortir des coteries parisiennes en choisissant un avocat provincial. Il m’a choisi pour ma compétence de juriste et pour mon indépendance. »

« Ne pas être accusé de choisir un ami de sa femme »

Au cabinet de Gérard Longuet, on fournit exactement la même explication. Maître Michel, pénaliste chevronné, est « un des mieux à même » de réfléchir aux poursuites engagées contre l’armée et à d’éventuelles modifications du droit.

Des familles de soldats tués en Afghanistan ont ainsi porté plainte, en mettant en cause la hiérarchie militaire. Et un projet de loi prévoit la suppression du Tribunal aux armées, créant un vide juridique : quel sera le statut des militaires devant les tribunaux civils ?….

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