La mémoire du Général Lagarde a été évoquée à plusieurs reprises sur ce site.
On me permettra d’ajouter un témoignage de reconnaissance pour ce grand CEMAT – dont certains se méfiaient tant était réel son prestige.
Ainsi l’accordéoniste amateur (chanson vedette qu’on peut lui attribuer « On m’appelle le renifleur… ») devenu chef de l’Etat interrogeait-il le cas échéant les soldats (à la garden-party du 14 juillet) pour leur demander ce qu’ils pensaient de leur CEMAT !
Je l’ai vu tenir tête à Yvon Bourges, le ministre « intolérant » (affaire de la diffusion de « La religieuse » de Diderot lorsqu’il était ministre de l’information), qui, comme ministre des armées, ne tolérait pas, au cours d’une réunion, que l’on attribue au chômage des femmes l’afflux de celles-ci dans l’armée, dont le niveau scolaire était souvent élevé au regard des emplois qu’on pouvait leur offrir, et que ceci posait problème. Interdiction d’évoquer le chômage !
Point de vue que le général Lagarde a maintenu.
Dans une autre circonstance on a pu le voir avertir fermement les commandants de région qu’une éventuelle passivité dans la mise en place d’un important nouveau plan entrainerait de graves sanctions.
Ou dans une autre encore rectifier publiquement un général sous-chef d’état-major qui manifestement ne connaissait pas ses dossiers » Le dossier de cette affaire se trouve dans votre armoire de droite sur l’étagère du milieu » (il avait antérieurement occupé ses fonctions à l’EMAT).
Je l’ai vu évoquer devant le ministre et en public l’état de misère de l’EMAT qui à l’époque ne disposait même pas de salle de réunion convenable pour recevoir ledit ministre.
C’était surtout un remarquable organisateur qui s’était illustré de ce point de vue en région, attentif à la troupe, exigeant à l’égard de tous, « bosseur » et de surcroît brillant , qui fondait sa compétence sur le travail (vertu peu appréciée dans notre armée où l’on brocarde les « besogneux », tradition de la noblesse qui préfère commander – un point c’est tout) et non sur les apparences ou la magie des mots, comme c’est hélas devenu la mode.
Quelques souvenirs qui confirment qu’il peut arriver que l’on rencontre des chefs authentiques et profondément légitimes dans l’armée.
C’est hélas devenu, à notre avis, poussée technocratique, carriérisme et système archaïque de sélection aidant, circonstance plus rare.
Jacquou de Faulives