L’armée refuse de libérer ses médecins militaires

(Le Progrès – Lyon du 29 septembre 2007, p. / www.leprogres.fr )

Au terme de leur période d’engagement, ils ont déposé leur démission refusée par le ministère de la Défense. Une première en France. Six ont décidé de saisir le conseil d’Etat Tous ces médecins avaient des projets d’avenir à court terme.

Ils avaient signé pour 10 ans après la fin de leurs études mais l’armée a décidé de les garder. Ils sont treize au niveau national, issus de l’Ecole de Santé des Armées de Bron, de Bordeaux à être concernés. Trois généralistes et 3 spécialistes ont saisi tout récemment le Conseil d’Etat, la direction centrale du service de santé des armées refusant leur démission déposée dans le strict respect de leur contrat d’engagement initial. Au seul et unique motif du sous-effectif global du ministère de la Défense.

Tous ces médecins avaient des projets. Soit une installation en structure libérale, soit prendre un poste en milieu hospitalier. Comme en témoigne le Dr Bruno Pagès qui prévoyait de s’installer dans la région roannaise. « Personne ne s’attendait à une telle décision. C’est une première. » Ils sont d’autant plus choqués que l’armée refuse de les entendre, refuse de discuter. A un moment où le déficit de médecins libéraux devient significatif notamment dans les petites agglomérations et où des postes de médecins hospitaliers restent vacants, ces médecins retenus contre leur gré sont plus que dubitatifs. « Cette situation est d’autant plus incompréhensible dans le contexte de réduction du nombre de fonctionnaires décidée par le gouvernement. »

Continuer à servir l’armée

Les treize médecins ont accompli les mêmes démarches au terme de leur contrat d’engagement. Ils ont présenté leur lettre de démission. La direction centrale du service de santé des armées leur a opposé une fin de non-recevoir. Sans aucune motivation. Ils ont contesté la décision en utilisant la procédure réglementaire du ministère de la Défense : la Commission de Recours des Militaires. La réponse est laconique. « Considérant que la demande de démission avant 25 ans de service ne constitue pas un droit, la demande de démission ne peut être accueillie favorablement par le ministre de la Défense en raison du sous-effectif du service de santé des armées en médecins des armées. »

Le conseil d’Etat ne rendra pas son arrêt avant des mois. En attendant les médecins devront continuer à servir l’armée. Aux quatre coins de la France. A Brest, Toulon ou encore Metz à des centaines de km de leurs conjoints et de leurs familles.

Véronique Waz

vwaz@leprogres.fr

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