Pour réussir sa transformation, l’armée de terre a parcouru un chemin qui était long et exigeant. Elle peut en être fière comme elle doit l’être, également, de la qualité des unités si nombreuses engagées à l’extérieur et sur le territoire national. Chacun de nos soldats y fait preuve de qualités réelles, et d’un vrai professionnalisme.
L’effort prodigieux de notre refondation a imposé de nombreux sacrifices individuels et entraîné des pertes de repères pour tous. Et cela, j’en suis conscient, à tous les niveaux, jusqu’aux plus modestes. Si l’action de chacun n’a jamais faibli, le moral quant à lui a subi une usure bien compréhensible. Il a ainsi accusé une baisse continue à partir de 1999.
Ce qui s’est passé, en décembre 2001, au sein de la Gendarmerie, a, dans ce contexte fragile, créé un véritable état de choc, notamment à travers un grand sentiment d’injustice.
Je vous ai immédiatement donné mon sentiment dans un message largement diffusé. Comme je l’y indiquais, je suis intervenu dans le sens d’une amélioration sensible de la condition militaire. Le CFMT, consulté début février en session extraordinaire, s’est exprimé en toute liberté. Il l’a fait de manière franche, forte et directe. Cet avis a eu un grand retentissement.
Pendant toute cette période d’attente, vous avez su faire preuve du calme et de la retenue qui doivent être la marque d’une grande institution de l’Etat. Je vous en félicite. Nous sommes l’armée. Nous sommes au service de notre pays. Nous devons mériter sa confiance. Aujourd’hui, le Ministre vient de faire connaître ses décisions en matière de condition du personnel.
Elles ne sont sans doute pas à la hauteur de toutes les attentes qui sont nées depuis décembre dernier. Le contexte général était, il est vrai, peu favorable. Je considère néanmoins, que cet ensemble de mesures constitue, à travers son équilibre et sa diversité, une avancée importante pour tous. Il comprend des mesures applicables dès cette année 2002. Il trace également les perspectives sur quelques années d’un plan d’amélioration de la condition militaire. Il permet – au passage – de traiter le dossier, devenu très compliqué, du TAOPM, à travers un compromis qui me semble raisonnable puisqu’une partie du temps est indemnisée pour tous et que l’autre est laissée libre.
A titre d’illustration, ceci représente pour l’année 2002, environ 15 fois ce qui avait déjà été obtenu au titre des mesures catégorielles 2002 ou une augmentation de plus de 3% de nos rémunérations et charges sociales. Mais le sentiment de dégradation de la condition militaire n’est pas la seule cause de la crise que nous traversons. Vous me l’avez dit lors du colloque des PSO et lors du CFMT, ainsi qu’à travers le rapport sur le moral en cours d’exploitation. Vous voulez aussi, et peut être avant tout, disposer de meilleures conditions d’exercice de votre métier. Pour cela, vous attendez notamment :
– plus d’effectifs (réalisés) qu’aujourd’hui ;
– moins de pression des missions pour rétablir au niveau nécessaire la préparation opérationnelle ;
– des matériels plus disponibles et modernisés à temps ;
– des manifestations tangibles de considération de la part de la nation et de ses représentants.
Pour y répondre, je distinguerai ce qui dépend de nous, de ce qui n’en dépend pas. Ne dépend pas de l’armée de terre le volume des dépenses publiques qui lui sont consacrées. Il me revient de faire valoir nos besoins en la matière auprès des autorités et des instances compétentes. Je m’y emploie, et à ce titre, j’ai maintes fois souligné, notamment devant les commissions parlementaires en octobre dernier, ma préoccupation devant les perspectives actuellement insuffisantes de renouvellement des équipements.
J’ai également indiqué que nos effectifs actuels, même une fois réalisés, seraient légèrement insuffisants au regard de nos missions. Je compte d’ailleurs demander une augmentation de 500 postes dés le budget 2003. De ce point de vue, il y a un problème de cohérence globale entre les missions demandées à l’armée de terre, tous les jours et à un haut niveau, et les ressources qui lui sont consenties. Je note, à ce sujet, que dans notre pays, une prise de conscience semble s’opérer depuis quelques mois.
Mais dés à présent, un certain nombre d’améliorations surviendront à court terme. Ainsi nous accueillerons en 2002 le personnel militaire qui nous manque encore et la résorption du déficit en personnels civils se poursuivra. De nombreuses mesures, sont simultanément mises en oeuvre pour stabiliser le rythme des activités :
– un nouveau cycle de préparation opérationnelle à 32 mois ;
– la lutte contre l’atomisation des unités ;
– un réexamen à venir de certaines missions ( par exemple en Bosnie).
Le redressement de la DTO de nos parcs est quant à lui en cours. Il est lent, vous ne le percevez peut-être pas vraiment, mais il est réel et s’inscrit dans un plan de redressement nécessairement échelonné dans le temps, dont les effets se font sentir progressivement. La priorité -aujourd’hui- est donc de poursuivre et d’achever toutes ces actions. L’amélioration progressive de nos conditions de travail dépend de la réussite de ces mesures. Vos chefs, à tous les niveaux, le savent et s’y emploient.
Je souhaite que l’armée de terre sorte de la crise de moral, de la vague de doute et de pessimisme qu’elle traverse. Nous avons été entendus. La revalorisation – devenue indispensable – de la condition militaire est en route. Elle devra se concrétiser. Sur ces bases il nous reste à assurer de meilleures conditions d’exercice de notre métier. Nous sommes sur cette voie et beaucoup dépend de nous. L’armée de terre s’est montrée ferme dans cette tempête : unie, respectueuse de ses devoirs au service du pays. Pour moi elle en sort grandie. J’en suis fier, et j’ai confiance dans son avenir.
Lire également :
Alain Richard annonce une revalorisation de la condition militaire.