Il y a quelques mois la rumeur au sein de l’état-major de l’armée de l’air laissait entendre la possible fermeture de 5 bases aériennes sans plus de précision.
La rumeur a toujours un fond de vérité… Pour preuve : quelques représentants du personnel viennent d’être avertis de la fermeture de quatre bases avant l’horizon 2010 : Toulouse, Cambrai, Colmar et Orange.
La 5ème base sur la sellette serait une Base de l’Est ou de l’Ouest de la France, dont le nom est encore tenu secret de crainte que les élus locaux ne s’insurgent contre ce démantèlement susceptible de mettre à mal l’économie locale. Cet embarras de l’autorité militaire est d’autant plus surprenant que le Président de la République, chef des armées, a rappelé dernièrement une évidence : le ministère de la Défense n’a pas vocation à faire de l’aménagement du territoire ».
Le ministre de la Défense préfère certainement attendre que la rumeur fasse son oeuvre plutôt que d’annoncer officiellement ces fermetures. Le livre blanc s’en chargera peut-être !
Comme d’habitude, tout sera décidé au dernier moment. Il en a été ainsi pour les fermetures des bases de TOUL, STRASBOURG, CREIL et du plateau d’ALBION … Dès lors il ne faut pas s’étonner de l’inquiétude grandissante des familles potentiellement concernées et du moral en berne dans certaines unités de l’armée de l’air.
En effet, les mutations annoncées tardivement précarisent la situation des militaires concernés : perte d’emploi du conjoint, scolarisation difficile des enfants, revente des propriétés à des prix sacrifiés faute de repreneurs, célibat géographique puis, à terme, divorce ou état dépressif ! Pour couronner le tout, quelques militaires se retrouvent en surnombre sur d’autres bases et doivent, pour certains, renoncer à leur spécialité d’origine faute de postes ouverts.
Inutile donc de renouveler la méthode employée pour dissoudre la base de Toul, à savoir : laisser la base mourir ! Le mode opératoire est simple et connu : dissolution des escadrons l’un après l’autre, nombreuses mutations prononcées sous couvert de l’intérêt du service, réimplantation d’un escadron pour rassurer les élus locaux et enfin constat que la conjoncture n’étant plus favorable, l’économie d’une base s’impose. Et si les effectifs sont encore trop nombreux, la Direction des ressources humaines de l’Armée de l’air se fait un plaisir de dégrossir les rangs en mutant Pierre ou Paul à l’opposé de leurs désidératas. On appelle cette forme de gestion « les départs volontaires ». Inutile de vous dire que cette gestion désastreuse conduit certains militaires à quitter malgré eux les armées pour aller grossir ce que les gestionnaires appellent « le bassin de pollution ». En effet, ces aigris du système n’encouragent pas les jeunes des générations montantes à signer un contrat d’engagement dans les armées.
Il nous paraît donc très important à l’Adefdromil, que le Ministre de la Défense et les autorités militaires prennent dès à présent leurs responsabilités en annonçant officiellement et très rapidement le nom des bases aériennes concernées par les restructurations. En matière de décisions, il n’y a rien de pire que l’incertitude.
Renaud Marie de Brassac