FOCUS – Température du corps, rigidité cadavérique, état de putréfaction, étude des insectes: les médecins légistes disposent de nombreux outils d’analyse.
Dans les heures qui suivent la mort
Le corps humain ne reste pas longtemps à 37°C. Avec le temps, il se rapproche progressivement de la température ambiante. Dans les milieux tempérés comme le nôtre, sauf exception, il se refroidit. Les médecins légistes parviennent à utiliser cette propriété pour déterminer une heure approximative de décès en tenant compte du poids de la victime.
Une grille de calcul, appelée nomogramme de Henssge, permet aux légistes de lier la température corporelle à ces deux paramètres pour déterminer le temps écoulé depuis la mort. Des facteurs correctifs sont appliqués pour tenir compte des circonstances dans lesquels le corps a été retrouvé (immergé, enterré, nu ou habillé, etc) puisque celles-ci ont souvent une grande influence sur les échanges thermiques.
Dans les trois heures qui suivent le décès puis entre 24 et 48 heures après la mort (quand la température interne du corps est proche de la température ambiante), la température du corps ne varie presque pas et la méthode perd considérablement en précision. Si la victime est fiévreuse ou en hypothermie au moment du décès, le calcul est également faussé.
Autres indices cliniques
D’autres paramètres permettent aux légistes de déterminer l’heure du décès : la rigidité cadavérique (raidissement des muscles) et les lividités cadavériques (coloration rouge-violacée de la peau liée à la circulation du sang post-mortem). Ces paramètres sont toutefois plus fluctuants suivant les individus et sont à l’appréciation du médecin légiste. Au cas par cas, ces données permettent de conforter les résultats de la méthode thermométrique ou de s’y substituer quand cela est nécessaire.
Grossièrement, un cadavre chaud, souple et sans lividités est mort dans les deux heures qui précèdent l’examen. S’il est «tiède», rigide et que les lividités disparaissent quand on appuie dessus, la mort remonte entre 6 et 12 heures. Au-delà, le cadavre est froid, rigide et les lividités ne disparaissent plus sous la pression des doigts.
Dans les jours, semaines et mois qui suivent la mort
Jusqu’à une semaine après le décès, le dosage du potassium contenu dans l’humeur vitrée de l’œil permet de déterminer approximativement le moment du décès : plus la mort est lointaine, plus la teneur en potassium est importante. Cette méthode marche aussi dans les heures qui suivent le décès mais elle est moins précise que la méthode thermométrique ou l’examen clinique.
Au-delà de 36 heures, les premières traces de putréfaction apparaissent. La première manifestation est une tâche abdominale verdâtre située au niveau du bas-ventre, sur les côtés (fosses iliaques). L’étude des bactéries et des champignons, qui se succèdent en trois vagues pour dégrader les tissus, permet de déterminer l’état de putréfaction. La prise en compte du lieu de découverte du corps, de l’âge et de la corpulence de la victime ainsi que des causes de la mort permettent alors de remonter à la date du décès.
L’étude des insectes
Certains insectes participent également à la dégradation des corps. Leur étude est à la base d’une discipline née au XIXe siècle et reconnue comme science criminelle depuis la fin du XXe : l’entomologie médico-légale. Son fondateur, Jean-Pierre Mégnin, avait défini huit escouades de nécrophages – dont la célèbre mouche bleue – qui se succèdent sur un cadavre.
On sait aujourd’hui que la réalité est un peu plus complexe et dépend beaucoup du lieu de dépôt du corps et des conditions climatiques. Les spécialistes arrivent toutefois à remonter le scénario de dégradation du corps par les insectes, notamment grâce aux œufs qui ont pu être pondus et grâce à l’âge des larves retrouvées. Ce travail de fourmi permet dans certains cas de déterminer la date approximative de la mort jusqu’à plusieurs mois après le décès.
Dans les années qui suivent la mort
La décomposition d’un corps abandonné depuis plusieurs années est souvent si avancée qu’il ne reste que des ossements. Les anthropologues médico-légaux entrent alors en scène. La datation de ces restes est très difficile. Seule certitude, la fluorescence des os placés sous des rayons UV permet de savoir s’ils ont plus ou moins de 100 ans. Pour le reste, chaque cas est unique, comme l’explique le Dr Philippe Charlier, médecin légiste : «L’étude des mollusques qui se fixent sur les os lorsqu’ils sont immergés ou les lichens qui se déposent dessus en surface permettent de faire des estimations. Généralement, la combinaison de plusieurs méthodes permet d’établir un faisceau de présomption», explique-t-il.
Dans tous les cas, seule…..
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