Diplômes d’honneur de porte-drapeau

Par arrêté du 13 octobre 2006 (1), le ministre délégué aux anciens combattants a arrêté les dispositions concernant l’attribution des diplômes d’honneur de porte-drapeau. Sont concernés les anciens combattants, les victimes de guerre et toute personne portant l’emblème national, lors des cérémonies patriotiques. On peut lire dans cet arrêté qu’un diplôme d’honneur de porte-drapeau peut être décerné après trois, dix, vingt et trente années, consécutives ou non, de service de porte-drapeau, en tant que titulaire ou en tant que suppléant. On découvre même dans cet arrêté l’existence d’une commission nationale du diplôme d’honneur de porte-drapeau. Pour bien montrer le sérieux de la sélection, une enquête de moralité du requérant peut être diligentée par le préfet de département, le haut commissaire de la République dans les territoires d’outre-mer et en Nouvelle-Calédonie, les ambassadeurs ou les consuls de France à l’étranger… Espérons que cette mission n’incombe pas à nos gendarmes et policiers déjà surchargés de travail !

Nos militaires en activité de service qui se plaignent d’un manque de reconnaissance devraient, pour ceux qui ont la carte du combattant, trouver un peu de réconfort en se portant volontaires pour faire porte-drapeau à la retraite !

Cette création fumeuse nous rappelle ce vers de La Fontaine dans sa fable « le chameau et les bâtons flottants » …« De loin c’est quelque chose, et de près ce n’est rien ».

En tout cas, elle a inspiré à notre correspondant permanent, Sanche Médoc un voyage en hypocrie !

(1) Journal officiel de la République Française du 20 Octobre 2006.

NOR : DACM0600018A

Renaud Marie de BRASSAC

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VOYAGE EN HYPOCRIE

L’Hypocrie, héritier du XVIII° intellectuel anglo-saxon humaniste et chasseur de l’infâme (2), comme son nom ne l’indique pas, est un délicieux pays d’élevage de moutons. L ‘industrie principale de ce paradis est la tonte.

Cette activité humaniste, élevée en principe de pensée et de gouvernement, est apprise dès l’enfance à ces natifs privilégiés. En effet, une académie a même été créée par les professeurs de la plus réputée école de tonte du pays, laquelle n’est fréquentée que par des fils de membres issus de cette prestigieuse école ouverte au monde.

Il serait même question de créer un Haras National pour élever ces futures élites d’Hypocrie.

Cette école très grande et prestigieuse se nomme l’Ecole Nationale d’Acquisition. Son créateur fut le célèbre Michel DELOIN qui fut plus tard premier ministre de ce pays et rédacteur d’une fameuse Constitution.

Le monde entier admire et envie ce doux pays d’Hypocrie pour avoir créé cette fumeuse école. Elle serait même peut-être copiée par les successeurs du Royaume de CARTHAGE dès qu’ils auront les moyens de s’autodétruire, ce qui ne devrait pas tarder.

En attendant, une décision de la plus grande importance vient d’être prise, la création de la fameuse « médaille d’honneur de tondu ». Depuis des années, les officiers supérieurs et généraux d’Hypocrie responsables d’associations d’anciens qu’il est d’importance de contrôler, réclamaient cette distinction afin qu’elle récompense le dévouement généreux des membres des associations de tondus retraités ou réservistes de la tonte heureux et contents; mais aussi et surtout afin de ne pas dévoyer l’Ordre de Saint Hypocrie créé par le célèbre empereur TIMOLEON MALPARTE qui régna sur ce doux pays pacifique il y a deux siècles environ.

Une heureuse et lumineuse idée germait enfin dans une des meilleures têtes creuses de la chancellerie civilo-tondeuse du Secrétariat d’Etat des anciens tondus. La grande chancellerie de Saint Hypocrie obtint donc le feu-vert d’autosatisfaction et la signature du décret signé par le sérénissime roi des Hypocrites.

Un grand dîner de gala fut offert en cette occasion en son palais de la Pompamole, gala auquel participèrent les plus hauts dignitaires des différentes loges de  » franc-plâtriers »; et où furent dégustés grands mets délicieux à base d’agneaux et de moutons arrosés des plus fins breuvages et des meilleurs crus du Bordebeau. A l’issue de ce gala, le Roi des hypocrites, dont le budget était serré et juste, distribua aux élites guerrières bien nées les grades et distinctions de l’Ordre de Saint Hypocrie.

La fraîcheur du soir risquant d’atteindre les bronches de ces élites cacochymes, on leur distribua de magnifiques châles tricotés en laine du pays par les dames patronnesses, veuves des anciens de la grande école nationale d’acquisition.

Le correspondant de notre association de défense des tondus d’Hypocrie, heureux de pouvoir bénéficier des restes de ce plantureux repas dans le vestibule de ce prestigieux palais, vous rend compte discrètement d’une fuite qui circule parmi les domestiques et les valets: la reine serait enceinte et la naissance de l’heureux héritier – car nul doute qu’il sera garçon- aurait lieue au début du printemps début Mai 2007. Longue vie au Roi des Hypocrites, car pour l’instant l’absence d’héritiers et une politique mal conduite conduiraient le pays à la ruine. Cependant, pour rassurer nos lecteurs, nous leur révélons que les plus hauts dirigeants ont pu, heureusement, mettre à l’abri des milliards de zoros – monnaie de ce beau pays- dans de merveilleux paradis fiscaux loin de l’odeur de la viande de mouton.

De notre correspondant permanent, Sanche Médoc.

(2) « l’infâme » était la désignation de « Jésus-Christ » faite par les dirigeants libéraux anglais au XVIII° siècle, et la chasse à l’infâme à laquelle prirent part tous les intellectuels et les grands du royaume de France, dont VOLTAIRE, ROUSSEAU, et le duc d’Orléans qui votera la mort du Roi, obéirent ainsi à nos ennemis d’hier, les anglais, chasse qui consistait essentiellement à abattre l’Eglise catholique romaine.

Cette chasse aboutit à un résultat inattendu, la chute du Royaume Bourbon par la Révolution de 1789, et non pas la chute de L’Eglise dont des membres éminents – jésuites et dévots- participèrent à l’affaiblissement de la Couronne en attaquant de façon sournoise LOUIS XV puis son petit fils LOUIS XVI. Une lecture plus que prudente de l’histoire re-écrite au XIX° siècle – et toujours dans nos manuels scolaires – est indispensable.

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