Totalisant huit ans de service à sa date de radiation des cadres, un sous-officier de l’armée de l’air pensait pouvoir prétendre à l’indemnité de départ du personnel militaire non officier (IDPNO) en application des dispositions du décret du 27 juin 1991. L’autorité militaire lui a opposé les modifications des dispositions réglementaires intervenues par le décret n° 2003-917 en date du 19 septembre 2003 prévoyant notamment qu’à compter du 1er janvier 2004, la durée minimale des services militaires à prendre en compte pour l’application du droit à l’indemnité de départ serait de neuf ans au lieu de huit ans précédemment.
Lors de la parution de ce décret, le sous-officier concerné était engagé, suite à l’acceptation de sa demande de congé de reconversion professionnelle, dans un projet professionnel ne lui permettant pas d’acquiescer à l’offre d’un renouvellement de son contrat pour une durée d’une année supplémentaire pour satisfaire aux exigences du décret modifié.
Afin de tenter de défendre sa cause, le sous-officier a saisi le médiateur de la république lequel a saisi le Ministre de la Défense en lui faisant valoir qu’ayant entamé un processus de reconversion professionnelle, le 11 juillet 2003, soit antérieurement à la parution du décret du 19 septembre 2003 qui portait, à compter du 1er janvier 2004, de 8 à 9 ans la condition de durée de services contractuels pour bénéficier de l’IDPNO, ce sous officier n’était pas en mesure de rompre ce processus, sans par là même, compromettre sa réinsertion professionnelle.
En réponse, le Ministre de la Défense lui a fait connaître que, compte tenu de sa date d’effet du 1er janvier 2004, ce sous officier relevait du nouveau dispositif dès lors qu’il était en position d’activité jusqu’au 5 avril 2004, terme de son congé de reconversion. Il a souligné, par ailleurs, que, soucieux de ne pas le pénaliser financièrement, ses services lui avaient proposé deux renouvellements de contrat pour lui permettre d’avoir droit, soit à l’indemnité de départ, soit à une pension proportionnelle de retraite.
Fort de ces éléments, Il me paraît intéressant de préciser ici l’analyse de ce dossier par le médiateur de la République.
« Certes, il ne peut être contesté qu’il n’y a pas de droits acquis au maintien d’une réglementation qui peut être modifiée unilatéralement à tout moment et qui est applicable aux agents en position d’activité.
Mais il m’apparaît néanmoins, qu’il doit être tenu compte, d’une part de votre situation contractuelle et d’autre part, des circonstances indépendantes de votre volonté qui ne vous ont pas permis de donner une suite favorable aux propositions de prorogation de la durée de votre contrat, sous peine de mettre en cause votre retour à la vie civile, qui est l’objectif même de l’attribution du congé de reconversion.
J’ajoute que l’IDPNO s’inscrit aussi dans ce même but d’ « assurer un relais entre la fin de la formation du militaire et votre début d’activité dans votre nouvelle vie professionnelle ».
En outre, si votre placement en congé de reconversion, est une position qui ne rompt pas le lien avec l’armée, il n’en demeure pas moins que la nature même de ce congé, détachable de l’exercice effectif de la fonction militaire, est le retour à la vie civile et que le terme de ce congé implique nécessairement sa radiation des cadres.
Dans ce contexte, une demande de prorogation de la durée du contrat est ainsi contradictoire avec l’objet de ce dispositif.
Ainsi, je crois devoir noter que l‘absence de dispositions transitoires qui auraient dû être prises dans la mise en oeuvre des nouvelles modalités d’attribution de l’indemnité de départ allouée aux militaires non officiers, peut avoir eu comme conséquence de léser ces militaires dans leurs droits à une reconversion professionnelle à l’expiration de leur contrat, dans les conditions prévues lors de la signature de leur contrat.
Si vous estimez avoir subi un préjudice, il vous appartient de saisir le Ministre de la Défense d’une demande de versement d’une indemnité en réparation et de chiffrer le montant de vos prétentions… »
Je partage entièrement l’analyse du médiateur de la République et je ne peux qu’encourager les militaires qui étaient dans cette situation à faire valoir leur droit à réparation. Pour ce faire, il suffit de saisir le Ministre de la Défense d’une demande manuscrite faisant état de la faute de l’administration et des préjudices qui en ont résulté, ceux-ci devant être chiffrés très précisément.
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