Les entretiens de La Grogne : A tout seigneur, tout honneur ! (Par Jacky Mestries)

 

Vous connaissez l’Adefdromil ? Bien sur, mais comme moi, vous allez voir ce site qui diffuse toujours des informations de qualité sans trop chercher plus loin.La Grogne a eu envie d’en savoir un peu plus. Une seule solution, leur demander.
 

Des questions sur l’ADEFDROMIL !

Quoi de plus simple, adressons nous à son président fondateur, Monsieur Michel Bavoil .

La Grogne : Nous avons assisté à la naissance de cette association en 2001.

Quelle est la démarche qui vous a conduit à prendre l’initiative de la création de cette association ?

 Michel Bavoil : J’ai commencé ma carrière comme engagé dans les Troupes de marine. A Madagascar, jeune sergent-chef, j’ai servi sous les ordres du Général Bigeard. Par la suite, j’ai occupé des fonctions qui m’ont fait comprendre combien le respect du droit et de la réglementation était important pour assurer une certaine justice dans le déroulement des carrières. J’ai notamment été greffier au tribunal militaire de Landau en Allemagne et chancelier auprès de plusieurs chefs de corps. Je me suis rendu compte que beaucoup de militaires ne connaissaient pas les textes et pouvaient facilement se faire léser en faisant toute confiance à l’administration.

J’ai moi-même formé plus d’une dizaine de recours, dont la plupart ont abouti favorablement.

En 1993, j’ai croisé le Vice Président, le colonel (e.r) Jacques BESSY, qui, tout en ayant eu une expérience différente de la mienne était parvenu au même constat.

L’idée de monter une association apportant une aide aux militaires en difficulté avec l’institution n’a pu se concrétiser que quelques mois avant mon départ à la retraite en 2001, plusieurs mois avant les manifestations de gendarmes.

Nos objectifs sont :

1° – d’apporter une aide de nature administrative, juridique voire psychologique aux militaires qui le demandent

2° – de faire progresser la condition civile, politique et matérielle des militaires.

Nous écoutons, nous analysons,  nous conseillons, mais nous ne sommes ni un cabinet d’avocat, ni un cabinet de psychologues ou d’assistants sociaux.

La Grogne : Vous traitez des dossiers très techniques. Quels moyens engagez-vous ?

Michel Bavoil : Nous engageons d’abord notre expertise : la mienne, celle du colonel BESSY, auteur du Droit de recours des militaires et qui a été avocat, celle d’autres membres de l’association ou parfois de bénévoles extérieurs connus des uns ou des autres.

Après, nous disposons d’un éventail d’actions telles que recours, courriers, consultations médicales, communication sur notre site ou dans les médias.

Ces actions sont toujours engagées avec l’accord de l’intéressé.

Nous sommes bien évidemment soumis comme les gendarmes ou les assistants sociaux au secret professionnel. C’est-à-dire qu’aucune donnée nominative, aucune intervention ne sort de l’association sans l’accord de l’intéressé(e). Je note qu’aucun militaire n’a été sanctionné pour avoir adhéré à notre association. D’ailleurs, une sanction infligée sur la base d’une simple adhésion mettrait la France dans une situation délicate devant la CEDH de Strasbourg.

Lorsque le cas qui nous est soumis nécessite l’intervention d’un avocat, nous orientons l’adhérent vers des cabinets que nous connaissons bien pour les avoir testés aussi bien en matière de compétence technique que d’honoraires.

Nous n’avons évidemment aucun intérêt particulier, si ce n’est celui de bien orienter l’adhérent qui peut débattre du montant des honoraires avec l’avocat.

La Grogne : Comment faire appel à votre association ? Y a-t-il une procédure, des conditions ?

Michel Bavoil : Nous ne portons aucun jugement de valeur sur ce que nous racontent ceux qui adhèrent et nous soumettent leurs problèmes. Bien évidemment, nous nous basons toujours sur des éléments de preuve indiscutable, afin de ne pas être manipulés.

Nous ne recevons aucune subvention. C’est pourquoi, il est indispensable d’adhérer à notre association pour bénéficier de ses conseils. Certains, parfois, ont du mal à le comprendre. Mais, nous devons payer un loyer et des frais de fonctionnement pour notre siège.

Pour adhérer, tout figure sur notre site : https://www.adefdromil.org

Nous allons prochainement détailler quelques conseils sur les recours, afin que notre démarche soit mieux comprise et que les militaires anticipent pour se constituer des preuves, monter un dossier, établir un compte-rendu chronologique, etc.

La Grogne : Pouvez-vous nous donner sommairement un aperçu de la nature et du volume des affaires que vous traitez ?

Michel Bavoil : Nous traitons de 250 à 300 dossiers par an. Ce chiffre est en augmentation. La nature des affaires  qui nous sont soumises varie peu : lien au service pour les engagés (75% des militaires, rappelons le), notation, mutation, sanctions, contentieux indemnitaire (PACS), obtention de titre de séjour pour des anciens engagés à la Légion étrangère, situations médico-statutaires, pensions. Ces dernières années, de plus en plus de militaires sont venus nous voir en se plaignant de harcèlement.

Par armée d’appartenance, il y a de fortes disparités. Les dossiers de gendarmes représentent environ 40% des cas qui nous sont soumis.

La Grogne : Sans rompre le secret et en évitant toute indiscrétion, le résultat dont vous êtes le plus fier ?

Michel Bavoil : Il y a quelques mois, nous avons reçu une demande d’aide de la part d’un sous-officier d’une armée qui souhaitait avec insistance faire rompre son contrat. Il avait suivi une formation et ne pouvait donc partir avant un certain délai et devait théoriquement rembourser le coût de cette formation. Il avait essuyé deux refus de la part de sa hiérarchie et l’intervention de son père auprès de son député n’avait pas abouti.

J’ai senti qu’il nous cachait quelque chose. Finalement, il m’a raconté qu’il avait été victime de brimades sous couvert d’une cérémonie initiatique et traditionnelle mal contrôlée. Il possédait des photos dérangeantes et même choquantes.

Nous avons, alors, avec son accord, écrit au ministre avec copie au chef d’état-major de son armée. Quelques jours plus tard, j’ai eu l’agréable surprise de recevoir un appel téléphonique de l’officier général, directeur des ressources humaines de cette armée. Il m’a  remercié d’avoir contacté le chef d’état-major, qui partageait notre point de vue sur les brimades infligées à ce militaire, désormais totalement démotivé.

Le jeune sous-officier a rapidement été libéré et a pu trouver un emploi dans le secteur privé.

Cet exemple montre que lorsqu’on dialogue avec des interlocuteurs, ouverts, c’est-à-dire non crispés sur l’application stricte de la réglementation, et qui ont en perspective l’intérêt de leur armée, on peut débloquer intelligemment des situations délicates, au bénéfice de l’institution et des individus.

Nous regrettons souvent de ne pouvoir engager un tel dialogue confiant sur une base paritaire.

La Grogne : Un regret ?

Michel Bavoil : Oui, je regrette que les militaires, lors de la préparation du statut général voté en 2005, n’aient pas manifesté plus clairement leur volonté d’être des citoyens comme les autres avec le droit de participer à la vie de la cité en se présentant aux élections locales et celui de défendre leurs intérêts moraux et matériels dans des associations professionnelles.

Sinon, comme Edith Piaf, je ne regrette rien !

La Grogne:  Merci Beaucoup Monsieur Bavoil, nous souhaitons longue vie à cette association absolument nécessaire aujourd’hui pour tous les militaires de notre pays.

Ainsi, se conclut le premier d’une longue série d’entretiens. Ils seront courts, ne chercheront que l’essentiel pour une information aussi complète que possible du monde de la Gendarmerie.

Source: Site lagrognegend

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