Variations sur une amputation

Au pupitre : Cruella

La gestion des ressources humaines n’est pas une science exacte. Déjà en temps de paix, elle laisse des scories peu ragoûtantes.

Le lecteur se souvient du Vétérinaire Biologiste Principal Jean Riche, refusant de cautionner de coupables libertés prises dans l’application des règlements. Voire des lois. La psychiatrisation de son affaire fut digne des meilleures feuilles de l’Archipel du goulag.

Plus récemment c’était l’Adjudant Régis Le Tohic. S’enfermant par désespérance dans une soute à munition, sans le moindrement menacer de la faire sauter, quoi qu’il en fut dit. Il aurait été lui aussi un déséquilibré. Son internement en hôpital psychiatrique de haute sécurité offrit l’avantage de ne pas avoir à rendre publiques les incohérences de son dossier.

L’Armée de l’air a décidé de se prémunir contre ces errements. Elle supprime la trace des avis hiérarchiques intermédiaires dans l’instruction des dossiers. Ces avis ayant la fâcheuse tendance à se contredire au fil de leur cumul. Et à occulter au final la véritable question initialement posée. Les victimes et leurs avocats, qui faisaient miel de ces désordres, ne verront pas leur tâche se simplifier. Ce fut du reste le but avoué de cette veille nouvelle sur les intérêts du subordonné.

Il ne s’agit pas ici de diriger une attaque ad hominem, contre tel ou tel décideur. A priori, ils sont tous individuellement fort estimables, lorsque le train est sur son erre. Lorsqu’il déraille, c’est une autre paire de manche. Le groupe des décideurs, de son piédestal, allant jusqu’à perdre pied à tenter de le remettre, dans un ensemble imparfait, sur le bon pied.

Précisément, l’histoire du pied du Sergent Balley est édifiante. La bureaucratie, dans son affaire, fut prégnante. C’est-à-dire le règne de personne. Pléthore de chandeliers. Peu de lumières.

Un parcours aux élans flatteurs.

Samuel-Adrien Balley est entré à 17 ans major de sa promotion à l’école de l’Enseignement Technique de l’Armée de l’air. Toujours dans le quinté de tête, il en sort au bout de deux ans avec plus de 15 de moyenne.

Mécanicien avion sol en unité, il finit 5ème à la « S 2 » pour prétendre à la qualification supérieure.

Réussit le concours de mécanicien navigant à la 7ème place.

Grand sportif civil et militaire, il a été champion de France militaire de parachutisme.

Comportement technique et militaire, rapports avec la hiérarchie, régulièrement qualifiés d’irréprochables. Sauf à partir du combat homérique qu’il a dû livrer durant 3 ans pour sa réhabilitation. En effet, suite à l’amputation d’un pied, conséquence d’un accident de service à 0% de responsabilité, l’Armée de l’air avait estimé sur le papier qu’il ne valait plus rien. Alors que sur le terrain il prouvait le contraire au quotidien. Parachutisme compris.

Le temps et sa pugnacité lui ont donné raison. Ce que la Direction du Personnel ne pouvait lui pardonner. Les préférences de la vielle dame se portant davantage sur l’obéissance, que sur le courage, la persévérance et, comportement déviant lorsqu’elle-même devient autiste, sur l’intelligence et la lucidité de sa victime. La suite se devine.

Bien que proposé au grade supérieur dès 7 ans de service, le Sergent Balley, pour avoir prétendu veiller lui-même sur son intérêt après son amputation, passera Sergent-chef à 11 ans de grade et 14 ans de service. Certains de sa promotion étaient Adjudant-chef.

Son exécution procède de l’effet cumulé de stéréotypes de gestion, ayant fonctionné à plein, en l’absence de tout contre-pouvoir.

Première urgence : baisser la notation.

Deuxième stéréotype : réorienter de force.

Troisième stéréotype : ajourner tous azimuts.

Coup de boule final : empêcher la reconversion.

La notation.

« La notation donne au chef l’occasion de faire connaître à ses subordonnés son appréciation sur leur manière de servir pendant la période de notation ». Elle peut aussi lui donner l’occasion de montrer son amoralité, du premier noteur jusqu’aux bureaux parisiens. « N’a pas pu être noté à sa juste valeur en raison de son absence ». Tous ont entériné, comme un seul homme, cette ingratitude que les textes condamnent.

D’un côté une amputation pour un accident de service non responsable. De l’autre une notation assassine, parce que la victime, pas même placée en congé de longue durée, s’était cependant absentée pour se soigner.

Le jeune militaire a accepté cette double peine. Comme il le dira, en confiance, puis conformisme, ensuite résignation, enfin lassitude.

La notation sanctionne le degré d’adhésion aux idées du noteur. Comme il aura fallu trois ans à l’intéressé pour faire rendre gorge à sa hiérarchie qui persistait à vouloir le réorienter pour raison médicale, il a durant ces trois ans assez peu adhéré à celles-ci. D’où trois notations revanchardes. Ce qui, en termes d’avancement, est rédhibitoire.

Son aptitude à la spécialité retrouvée, le Sergent Balley de nouveau dans le moule après cette période noire, retrouvera en les améliorant encore, les appréciations professionnelles et militaires les plus flatteuses. Désormais inutiles.

Le mal était fait. Personne, malgré ou à cause de sa demande, n’ayant l’idée de réviser à la hausse une notation manifestement imméritée puisqu’elle l’avait sanctionné pour avoir eu raison avant tout le monde. Raison sur le fond, mais pas sur la forme. Car la forme n’est jamais la bonne, quand elle confond le chef.

La sous-notation d’un éloigné pour raison de service, stage, OPEX, mission, grossesse, détachement, maladie, pose une question de fond à l’institution qui en use abondamment.

L’Armée y a répondu avec le bon sens qu’on lui connaît : les absents ont toujours tort. Sauf, paradoxalement, quand le service est quitté définitivement, les deux pieds devant. Là, sous forme de médailles, les récompenses pleuvent !

L’infortuné Sergent ne pouvait donc pas y prétendre : son absence ne fut que de courte durée, de surcroît il n’avait qu’un pied.

Un autre combat l’attendait.

Réorientation.

A sa sortie de l’hôpital le Sous-officier dut mener une bataille de trois ans pour retrouver son aptitude à la spécialité de mécanicien avion sol. La sous-notation ayant été, on l’a vu, l’effet collatéral de ce combat réussi.

Une coalition médico-technico-administrative, le déclare a priori inapte. Son argumentaire est à pleurer : nous avons toujours fait ainsi, inutile de chercher à faire autrement, travailler sur d’autres solutions serait trop coûteux.

Discipliné, le Sergent accepte de nouveau avec loyauté, confiance, puis conformisme.

Mais, cette fois, de résignation, point. La consolidation de son état par des réappareillages plus performants l’avait de nouveau rendu parfaitement compétitif, et combatif. Ce que les sous-commissions, commissions et autres aréopages, travaillant hors de sa présence sur un état de santé caricatural, ne respectant pas la forme contradictoire prévue pour assurer les droits à la défense de celui qui devenait leur victime, et ne pouvant se désavouer les unes les autres, préféraient ignorer.

Là où on lui imposait un avenir de bureaucrate, de moniteur sur simulateur de vol, puis devant son manque de motivation, de ravitailleur technique pas davantage motivé, il répondait par :

La réussite à la sélection pour la qualification supérieure de sa spécialité. La réussite au concours mécanicien d’équipage ! L’acquisition du brevet de pilote privé. La qualification d’instructeur ULM. Snowboard et ski, où il arrive en bas des pistes avant le Commandant en second de l’école Interarmées des Sports. La plongée sous-marine. Le parachutisme militaire de haut niveau. Le brevet d’état d’Enseignement Sportif, en qualité de moniteur parachutiste n’a pu être terminé, en raison des tracasseries liées aux réorientations parasites. L’équitation. Même le trekking fut abordé. Histoire d’accumuler des autorisations valorisantes. Canyonning, VTT, squash, safaris. La liste est surréaliste pour les handicapés du cerveau qui, souverainement, le déclarent à mobilité réduite… Au plan technique, la progression dans sa spécialité durant la longue période d’indécision de ses tourmenteurs. Passe de l’hélicoptère à l’avion de chasse, histoire de lui mettre la pression. Campagnes de tir, exercices OTAN etc. Au plan militaire les gardes, permanences opérationnelles, courses d’orientation dès 6 mois après sa sortie d’hôpital, parcours guérilleros et autres Vigipirate. Après 3 ans de galère, arrive le jugement de réalité tant attendu. Opiniâtre, le Sous-officier avait débusqué par hasard ce qu’aucun « chef-guide-bienveillant » ne lui avait surtout pas suggéré : l’Instruction définissant les modalités de saisine du conseil médical supérieur. Plus déterminante que cette saisine, l’impulsion salvatrice fut en fait une avisée et « prudente » intervention de très haut niveau. Elle devait enfin avoir raison des stéréotypes de l’aréopage médico-technico-administratif de service. Le Sous-officier est reconnu apte à l’emploi dans sa spécialité, sans restriction aucune. Sans mot d’excuses, ni fleurs pour Madame.

De ce péplum, on citera avec délectation quelques morceaux choisis.

Les nombreuses activités sportives étaient pratiquées sur aptitude médicale militaire. Les témoignages favorables au maintien dans la spécialité, émanant de son chirurgien, de certains médecins militaires, techniciens et administratifs, extérieurs à la coalition médico-technico-administrative patentée. Déclaré inapte à la conduite de véhicules militaires par un sous-machin passant par là. Or, pour sa sortie d’hôpital, une expertise médicale de la commission des permis de conduire l’avait déclaré apte à la conduite de véhicule sans restrictions et sans aménagement. Le Centre d’Expertise Médical du Personnel Navigant qui lui avait accordé l’aptitude médicale de mécanicien d’équipage n’est pas suivi par ses persécuteurs, afin de ne pas créer un précédent. Il est vrai qu’être déclaré inapte mécanicien avion sol et apte mécanicien d’équipage, eût été confondant !

Si Douglas BADER, amputé des deux pieds, était passé entre de mauvaises mains, sûr qu’il serait mort de vieillesse avant de pouvoir piloter ses Hurricanes et Spitfires au combat.

Quand les femmes en sont elles-mêmes privées, sont-elles plus mauvais pilotes de chasse que leurs homologues masculins ? C’est une question de volonté. De l’institution ou d’un ministre en mal de médiatisation d’abord. De l’intéressé ensuite.

Le caporal-chef LE D. de l’Infanterie de Marine est lui aussi amputé d’un pied. Il fut maintenu dans son emploi de moniteur de sport. A ce titre, il faisait le parcours du combattant devant ses élèves. Il est apte aux Opérations Extérieures.

Ces contradictions font certes le charme de nos Armées. Mais Samuel-Adrien, qui avait plus besoin d’ergothérapie que d’ergotage, bien que ne manquant pas d’humour, ne les a guère appréciées. Il y aura laissé sa carrière.

Ajournements. Reconversion comprise.

Le Brevet Supérieur, le « BS », dans une spécialité n’est pas qualifiant en termes d’équivalences nationales. De reste on n’y apprend rien que l’on ne sache déjà, et pratique en mieux, au quotidien.

Ce BS est cependant un rituel très attendu par les aspirants au grade supérieur. Il marque leur sortie d’un bassin de rétention, artificiellement créé pour piloter le flot des proposables, en fonction des crédits budgétaires. C’est en cela qu’il serait « promotionnel ».

L’heureux nouveau breveté « doit » alors 4 ans de service à ses bienfaiteurs. Lorsqu’il fut demandé au Sergent de signer ce chèque en blanc quelque peu discutable, il n’était pas encore en retard pour le BS, ni dans son avancement. Se croyant dans les clous, il signa donc. Et se retrouva dans les choux.

Convoqué une première fois en 2001 au BS, il fut ajourné in extremis par message « Urgent Confidentiel Défense », comme il se doit. Vraisemblablement en raison d’un parisianisme de canard boiteux.

Ultérieurement, le refus d’admission dans le Corps des Sous-officiers de carrière, « pour raison médicale », achevait de convaincre le Sergent que son avenir militaire était bien derrière lui.

Ce ne sont pas le BS, où il est enfin allé en 2004 dernier de sa promotion, ni le grade de Sergent-chef obtenu à 14 ans de service, ni la perspective de ne pas être rengagé en 2007 qui adoucirent son ressentiment.

Puisque la hiérarchie avait failli dans son engagement, Balley décide fin 2005 de rompre le sien. Encouragé par la représentation locale de la DPMAA qu’était sa hiérarchie de contact, laquelle apposa avec force tampons son avis favorable, il demande un stage de reconversion pour début 2006.

Cette reconversion vers un emploi de technicien de l’aéronautique civile serait innovante. Elle consiste à suivre un stage d’anglais de 6 mois, en immersion totale à Auckland, avec femme et bébé. Le rapport coût/efficacité de la formation néo-zélandaise lui étant apparu plus favorable qu’une formule moins exotique. C’était sans précompter les faux-frais que lui occasionnerait une Direction du Personnel apparemment peu soucieuse de payer sa dette à sa victime.

Le Bureau d’Aide à la Reconversion, le BARMAA, imposant des écritures exclusivement rédigées en français et l’école d’Auckland étant peu encline à satisfaire cette exigence – le versement à l’avance des frais de scolarité étant seul susceptible de la faire changer d’avis – le sergent-chef Balley obtient du BARMAA un avis d’autant plus favorable que pour débloquer son dossier, il renonce à l’aide financière.

Les délais d’organisation d’un projet si coûteux sont longs : billets d’avion A/R à présenter pour obtenir des visas qui peuvent se faire attendre, réservation de logement, paiement par avance de la formation. Balley n’avait d’autre choix que d’avancer concrètement dans son projet. Ceci, fort des assurances du BARMAA, sans attendre la décision suprême.

Par la suite il a fallu déménager à ses frais quelques jours avant le départ, vendre les voitures du couple, trouver un transporteur pour palettiser et envoyer à Roissy 450 kg d’impédimenta.

Le malheureux apprend alors que la DPMAA refuse son congé de reconversion. Il annule ses engagements, paie les dédits et se réinstalle en France. Coût de l’opération : 6000 €.

Le chef-qui-veille-aux-intérêts-du-subordonné venait de découvrir que l’Armée de l’air était en sous-effectif, que le Sergent-chef Balley hier mauvais élément qu’elle poussait dehors lui était devenu indispensable, et que le BS, prétendu stage « promotionnel » – même pour lui, dernier des derniers ! – l’obligeait à rester, plutôt que de se demander ce qui motivait sa volonté de départ.

La carrière qui lui avait été faite à cause de son invalidité est un des « motifs exceptionnels » prévus par les textes pour ne pas attendre le terme du délai pendant lequel il s’était jadis engagé à rester en activité, sur des perspectives qui ne seraient pas tenues. Cela le « chef » voulait l’ignorer. Comme il ignorera prochainement l’existence du congé complémentaire de reconversion, s’ajoutant au congé de conversion, d’une durée maximale de six mois chacun.

Pendant 3 ans, le Sergent Balley avait mené la vie dure à la DPMAA pour lui faire reconnaître son aptitude à la spécialité, malgré son infirmité. Pendant 4 ans, à peine revancharde, celle-ci aura fait d’un Sous-officier d’excellence, un militaire aigri, incommandable, à la démobilisation contagieuse, selon les propres termes de l’intéressé.

Quel gâchis. Et quel autre inutile gâchis que d’en appeler à la Commission de Recours des Militaires. Il est couru d’avance que rien ne pourra jamais le dédommager de ses années perdues. Et qu’aucun responsable de ce gâchis n’aura de comptes à rendre. De toute façon, le dossier est enterré.

Dans un mémoire adressé à la DPMAA, le Sous-officier assène quelques idées choc.

Les iconoclasmes du Sergent.

Extraits :

De l’obéissance, la compromission, la soumission.

* L’obéissance devient lâcheté lorsqu’elle est soumission.

* L’exigence de soumission tend à acquérir une force prédominante qui l’emporte sur le contenu moral de l’ordre. En cela le degré de responsabilité augmente à mesure que la distance augmente entre l’autorité et le soumis. Et de citer l’affaire Firmin Mahé.

* Dans l’armée, les gens se conforment par une autocensure consciente ou non, sans qu’il soit besoin de faire de rappels à l’ordre. Ce mutisme est une méthode de protection face à la hiérarchie, qui sait s’en servir pour asseoir son pouvoir. Elle sait pouvoir compter sur cette inhibition.

De l’avancement.

* En ne faisant rien (avancement à l’ancienneté pour tous), ou en reconnaissant le rôle du hasard (avancement par tirage au sort) on arriverait au même résultat. Avec l’économie non négligeable de frais de gestion et d’administration. Et moins de perversion. Seule l’illusion de contrôler la situation serait perdue. Ce qu’une armée mégalomaniaque ne peut accepter.

D’une chimère : « Il appartient au chef, à tous les échelons, de veiller aux intérêts de ses subordonnés et de rendre compte, par la voie hiérarchique, de tout problème de caractère général qui parviendrait à sa connaissance ».

* Par expérience, je peux dire qu’il n’existe pas de canal d’expression dans l’armée.

* D’où le bénéfice d’être défendu par un tiers dont c’est le métier (avocat, syndicat ou groupement professionnel, etc.), et qui professionnalisera l’action de la victime, quand elle est défaillante.

* Séparation impérative du « chef » de l’Article 6, et d’un organe qui veille aux intérêts du militaire. La convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme prévoit que le procès doit être équitable. Cela signifie que le droit doit être dit par un décideur, à équidistance du chef qui assujettit et du chef « qui veille aux intérêts du militaire ».

Ici, il n’y a pas d’équidistance entre le décideur qui pense, le chef qui panse et le chef qui assujettit. Ils ne font qu’un.

Cette confusion génère dans l’institution de très mauvaises habitudes. Il existe de petits arrangements avec soi-même, ou en famille. Entre le décideur et les chefs, parce que c’est la même école, parce que ce sont les mêmes carrières, parce que l’on est chef un jour décideur le lendemain, décideur un jour chef le lendemain.

Cette dualité du Chef, réunie en une ni sainte ni saine trinité, est autrement plus mystérieuse que la Trinité du dogme catholique. Elle aussi a ses martyrs. Il devra lui être beaucoup pardonné.

épilogue.

Le Sous-officier philosophe termine son mémoire par deux pensées.

L’une empruntée à Montesquieu :  » Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle qu’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice ».

L’autre, de lui-même : Dans cette affaire, c’est la DPMAA qui fut inapte à l’emploi. Pas moi.

Diafoirus se devait de frapper à nouveau. Sa victime, à trop attendre un congé de reconversion ou la résiliation de son contrat, serait à son tour atteinte de difficultés relationnelles avec l’institution. L’ingrat s’est en effet permis de revendiquer contre de prétendues atteintes à ses droits et à ses intérêts. A cette paranoïa, quand « le chef » – on connaît la chanson – conscient des devoirs de sa charge, n’avait eu de cesse que de veiller sur ceux-ci, s’est ajouté un immense dégoût. Ils justifient pleinement un arrêt maladie. Maladie à consonance psychiatrique, comme couru d’avance dans ce genre d’histoire. Ainsi aura été massacré un Sous-officier d’excellence, par l’effet de décideurs présumés, en réunion. Décideurs individuellement au-dessus de tout soupçon certes, mais dont l’aptitude à reconnaître en groupe celle de leur victime a invariablement failli.

Ignorantus, ignoranta, Ignorantum,la cohorte médico-technico-administrative explique l’affaire : pourquoi faire simple et limpide (spécialisation maintenue, reconversion ensuite), quand on peut faire compliqué et glauque (déresponsabilisation, puis surmédicalisation). Chacun des acteurs, en privé, ne manquera pas de le déplorer.

La boucle du gâchis est bouclée. Qu’importe si la discipline intellectuelle n’y trouva pas son compte, l’essentiel, n’est-ce pas, étant que la discipline militaire trouvât le sien.

Ce qui fait regretter amèrement l’Art. 6 du « nouveau » Statut : « L’existence de groupements professionnels militaires à caractère syndical ainsi que l’adhésion des militaires en activité de service à des groupements professionnels sont incompatibles avec les règles de la discipline militaire. ».

De pareils groupements, apolitiques, sans droit de grève, indépendants de la hiérarchie, à vocation sociale et non opérationnelle, n’auraient aucun mal à faire mieux que le dispositif actuel. L’Adefdromil est dans son rôle quand elle le montre.

Comme le montrent de nombreuses armées étrangères. Sans que, à notre connaissance, leur patrie ait été déclarée en danger.

Suite probable.

En fin de carrière, le hiatus entre les appréciations flatteuses de la hiérarchie de contact du Sous-officier et la mémoire revancharde de la DPMAA est explosif.

Consciencieux contre vents et marées, il s’investit à fond dans la refonte d’aides pédagogiques poussiéreuses, dont personne n’osait avouer qu’elles avaient grand besoin d’être upgradées.

Pour ce faire, de fructueux contacts sont noués avec l’Officier d’Utilisation Opérationnelle (O.U.O), l’engineering Dassault, avec comme collaborateurs (un peu subordonnés aussi) les officiers, informaticiens, responsables de cours, et infographistes de l’escadron.

Bref, en 2005 il devenait chef de projet pour faire passer le fleuron dijonnais de la chasse française de l’ère du transparent à celle de Power Point, du flash et de l’E-Learning. Déjà, serait-on tenté de dire.

Voici, en temps qu’instructeur hydraulique et commandes de vol électriques du Mirage 2000 au profit des stagiaires mécaniciens et pilotes français et étrangers, un extrait de sa notation écrite en 2006 : « Volontaire et déterminé, le SGC Balley s’investit avec conviction dans son travail. Il a animé avec compétence le groupe de travail interne consacré à l’apprentissage électronique E-Learning ».

Cela fait désordre. L’Armée de l’air va devoir y remédier. Vraisemblablement par l’interdiction de pareils dithyrambes sur un bulletin de notes. Imaginons que cela franchisse le microcosme et arrive à des oreilles mal intentionnées…

Une réserve toutefois dans cette notation : la victime de ces incohérences ne lècherait pas assez les bottes !Quel culot, lorsque ces bottes ne se sont jamais autrement présentées à son endroit qu’à l’arrière de la partie la plus charnue de son individu.

Le Tohic, exactement dans cette même situation, avait choisi de faire éclater la vérité sur ses notes de Maréchal, mais inutiles, en s’enfermant (en vain) dans une soute à munition.

Samuel-Adrien Balley, quant à lui, aux dernières nouvelles, répondra par la plus grande absence et le plus profond mépris. En laissant avec délectation au « chef à tous les échelons » le soin de faire son joujou favori, « veiller aux intérêts de ses subordonnés et de rendre compte, par la voie hiérarchique, de tout problème de caractère général qui parviendrait à sa connaissance ».

Il lui reste à 1 an de contrat à éponger. Reconversion de 6 mois ? De deux fois 6 mois ? Résiliation de contrat ? Maintien de force pour des qualités qui s’imposent et que l’on ne paie pas ?

Nul doute que la victime de cette mascarade nous recontactera pour conter ses prochaines aventures…

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