Journal d’une mère en Afghanistan: Sur les traces de mon fils (Diane Tremblay)

 Chaque fois qu’un militaire tombe en Afghanistan, j’imagine le calvaire des parents. Je ne peux pas m’empêcher de faire autrement puisque je suis passée par là avec la mort de mon fils, Jonathan Couturier, décédé le 17 septembre 2009, à l’âge de 23 ans.

Dernièrement, je me suis rendue à Kandahar dans le cadre d’un programme destiné aux parents de soldats qui ont perdu la vie en mission, pour essayer de mieux comprendre.

Tant de questions me hantaient. A-t-il souffert? Dans quel état était-il? Aurait-il pu éviter cette foutue bombe? Chaque fois que je demandais des précisions à un membre de l’armée,   je sentais que l’on essayait de me ménager. Ce n’était pas par méchanceté, mais au fil du temps, le doute a fini par ronger ma santé au point où je n’étais plus que l’ombre de moi-même.

Il m’a fallu un certain courage pour effectuer ce périple qui a débuté le 15 mars. Moi qui ai une peur bleue des avions, j’ai vécu mon baptême de l’air : un long trajet de 18 heures vers l’inconnu au cours duquel je ne pensais qu’à Jonathan, que j’ai élevé seule avec son frère, Nicolas.

Dernier souvenir

C’est bien la première fois que je peux parler de sa mort sans pleurer comme une Madeleine. Mon dernier souvenir de lui remonte à l’été 2009. Il me parlait du projet qu’il avait de se marier et de fonder une famille. Je lui faisais part de mon rêve d’avoir une petite-fille à gâter. Lui, il voulait un garçon pour jouer au hockey. Je le revois encore dans le chambranle de la porte. On se taquinait souvent comme ça.

Sur la photo officielle de l’armée, qui a été publiée dans tous les journaux, Jonathan a l’air si sérieux. Pourtant, c’était le boute-en-train de la famille. Il aimait rire et taquiner les autres. On s’était dit au revoir là-dessus. L’Afghanistan était le premier voyage à l’étranger de mon garçon.

Dans sa peau

Autant j’ai pu haïr ce pays, autant je reconnais que mon séjour sur la base a été bénéfique pour ma résurrection. À la télé, on en voit beaucoup. Mais sur place, c’est carrément irréel. Les tanks et les véhicules blindés nous passent sous le nez. Les hélicoptères et les F-18 volent au-dessus de nos têtes dans un vacarme constant, sans compter les alarmes de roquettes qui font partie du quotidien.

À 47 ans, j’étais en plein cœur de ce film d’action. En trois jours, j’ai eu un avant-goût de la vie de mon fils et cela m’a fait énormément de bien, car même si nous étions très souvent en communication via Internet, il ne me parlait jamais de sa mission.

Lorsque notre escorte, le caporal Dominique Lareau, nous a présenté l’uniforme de combat, j’ai immédiatement voulu l’essayer. J’ai enfilé la veste et mis le casque. J’ai manipulé l’arme. À lui seul, le sac à dos pèse 40 livres! Je ne parle pas de la veste pare-balles, des pantalons et des bottes de militaires. C’est très lourd à….

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