(France soir mercredi 22 février 2006)
Le silence observé jusqu’ici par les autorités, coincées entre l’indignation et la peur de voir la situation s’envenimer jusqu’à devenir incontrôlable augmente encore le désarroi des gendarmes. L’un d’eux constate que le sous-préfet ne s’est pas donné la peine de rencontrer la veuve, préférant se rendre à la compagnie de La Savane, plutôt qu’à Marigot.
Quant au maire de la ville, après 48 heures de silence, il a délégué son premier adjoint pour condamner sur les ondes de Radio Transat « ces individus qui ne représentent pas la population de Saint Martin et encore moins l’esprit de solidarité, de fraternité et de cohérence qui anime tout Saint-Martinois. »
Pour ne pas jeter d’huile sur le feu, la direction générale de la gendarmerie s’est, elle aussi, abstenue de réagir. « Des investigations sont en cours pour vérifier les faits relatifs à l’accident et à ce qui a suivi, indique la Direction de la gendarmerie nationale. On ne peut rien dire de plus. Vu le contexte particulièrement tendu, un mot est un mot. On n’a pas le droit à l’erreur. »
Il a fallu que l’Adefdromil, l’association de défense des droits des militaires interpelle Michèle Alliot Marie pour que le ministère de la Défense se manifeste. Un communiqué, précise que le ministre de la Défense a « attiré l’attention du garde des sceaux sur la nécessité de voir qualifier pénalement tous les comportements constatés lors du drame : homicide, non assistance à personne en péril, apologie de crime et délit, provocation à la haine et à la discrimination raciale ».
L’enquête s’annonce longue et difficile dans une île où une partie de la population entretient, selon un collègue de Raphaël Clin, « une haine farouche à l’égard de la population métropolitaine et des forces de l’ordre en particulier ».
Le président PS du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel, a lui aussi dénoncé les actes « ignobles et condamnables » commis le 12 février et appelle à un « sursaut républicain pour lutter contre les ferments de la division ».
« A Saint Martin, certains exploitent le sentiment d’être moins bien traité par la France que Saint Barth, explique l’élu. L’immigration métropolitaine est mal vécue par les natifs de l’île, et certains tentent de racialiser le débat. Un débat que les autorités tardent à ouvrir alors qu’il y a urgence. Par référendum, l’île a demandé son autonomie. Mais il ne faudrait pas que, l’Etat s’éloignant, certains pensent que tout est possible sur le terrain de la haine raciale. »
P. B.