« Le 2 décembre dernier a été marqué par le bicentenaire de la plus grande victoire française : AUSTERLITZ. Si depuis quelques semaines la presse écrite multiplie les articles sur Napoléon, on ne peut pas dire que les radios et télévisions se soient mobilisés pour rendre compte de l’événement, sauf à l’étranger. A juste titre d’ailleurs, puisque l’Etat français lui-même n’a pas souhaité donner quelque éclat à cet anniversaire, comme il le fit lors du bicentenaire de la naissance de Napoléon, en 1969. Aujourd’hui, notre République évite d’ébruiter qu’elle puise sa solidité dans les nombreuses institutions nées sous l’impulsion du Premier Consul, puis de l’Empereur »
« En 1995 et 2002, en passant par deux fois à son cou le grand collier de la Légion d’Honneur, dans le fracas, au loin, des vingt et un coups de canon tirés depuis les Invalides où repose le Grand homme, le chef de l’Etat serait-il devenu amnésique ? Un signe de sa part eût été symbolique à l’endroit de tous ceux qui attachent encore quelque prix à la mémoire des grands hommes qui ont bâti la France et au nombre desquels Napoléon ne saurait être soustrait, tant l’héritage qu’il nous a légué demeure impressionnant ! »
« On peut exiler les hommes, pas l’Histoire et pour rester fidèle à « l’Entente cordiale », j’invite d’ores et déjà, le Haut comité des Célébrations nationales à inscrire à son calendrier quelques unes de nos plus retentissantes défaites, face à la valeureuse Nation Anglaise :
CALENDRIER 2006
– 26 août 2006: 660ème anniversaire de la défaite française à Crécy, face aux Anglais.
– 19 septembre 2006: 650ème anniversaire de la défaite Française à Poitiers, face aux Anglais.
CALENDRIER 2007
– 3 août 2007: 660ème anniversaire de la reddition de Calais, face aux Anglais.
CALENDRIER 2010
– 3 juillet 2010: 70ème anniversaire du succès maritime Anglais à Mers-el-Kébir où 1 300 marins français ont péri sans pouvoir riposter.
CALENDRIER 2015
– 18 juin 2015: Bicentenaire de la défaite française à Waterloo.»
« Vive l’Angleterre qui ne s’embarrasse pas de préjugés moraux ridicules pour honorer régulièrement celles et ceux qui, tout au long de sa longue histoire, ont contribué aux événements qui lui ont donné la grandeur que nous lui connaissons aujourd’hui »
« Que la honte s’abatte sur nos dirigeants actuels, qui déchirent, par un silence coupable, quelques unes des plus glorieuses pages de notre Grand livre d’Histoire. Le sang versé à Austerlitz n’était pas plus impur que celui versé à Verdun ou sur nos plages de Normandie. Grognards oubliés, tombés pour la France, patientez. Lorsqu’elle connaîtra de nouveaux conflits, la France saura enfin se souvenir de votre héroïsme pour galvaniser ses troupes… D’ici là, continuez à reposer en Paix. Certes, vous avez raison de penser que Verdun comme brillante défensive, ça vaut bien, dans un autre contexte Austerlitz : les poilus ont bien mérité des grognards! Enfin, la comparaison s’arrête là : Pétain n’était pas aussi brillant que Bonaparte ! »
« Un pays qui a si peu de considération pour ceux qui ont fait sa gloire ne peut légitimement revendiquer une place de choix dans le concert des nations : triste constatation partagée par nos voisins… »
Le mot de la fin, dédié au locataire de l’Elysée, est laissé à l’Empereur Napoléon 1er :
« Ma vraie victoire n’est pas d’avoir gagné quarante batailles, Waterloo effacera tout cela. Ce qui vivra éternellement, c’est mon Code civil » (Napoléon Ier )
… et toi Jacques, que laisses-tu derrière toi pour la France et les français ?
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Plaidoyer pour les « indigènes » d’Austerlitz, par Pierre Nora