Bordeaux, capitale de l’aéronautique militaire

L’arrivée de la Simmad et l’ouverture d’un campus aéronautique viennent conforter les centres industriels ou de décision de l’Armée de l’Air en Gironde Les industriels devraient suivre le mouvement en localisant certains de leurs services à Bordeaux

Chaque année, le ministère de la Défense dépense plus de 3,5Md€ pour le maintien en condition opérationnelle (MCO) de ces appareils et infrastructures. Cette fonction consiste à fournir en tous lieux et toutes circonstances les moyens nécessaires pour assurer la disponibilité des matériels. En ce qui concerne l’Armée de l’Air, ces opérations sont déjà, en partie, pilotées depuis Bordeaux.

CSFA à Mérignac depuis 2006

L’Atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de Floirac est chargé de la maintenance de moteurs et d’équipements de moteurs. Par ailleurs, la BA 106 de Mérignac accueille depuis 2006 le Commandement du soutien des forces aériennes (CSFA). Cette structure assure la maintenance et la logistique des avions, radars et installations et emploie 19.000 personnes réparties dans 320 unités partout dans le monde. Surtout, la Gironde accueillera prochainement la Simmad: Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la Défense. Installée actuellement à Brétigny (95), la Simmad est maître d’ouvrage pour la maintenance et la logistique des matériels. Elle signe chaque année pour 1,7Md€ de contrats, souvent sous l’égide du code des marchés publics. «600 militaires et 150 civils travaillent à la Simmad, déclare Robert Gilhardi de Benedetti, Dg de l’agence de développement économique BGI. Tous seront arrivés en Gironde à l’été 2012». En ajoutant les 650 personnes qui composent l’état-major du CSFA, ce sont 1.300 militaires et civils qui assureront à Mérignac le MCO aéronautique militaire dès l’année prochaine.

Grands groupes déjà présents en Aquitaine

La concentration en Gironde de plusieurs centres industriels ou de décision de l’Armée de l’Air n’est pas le fruit du hasard. La région compte plusieurs grands groupes actifs dans l’aéronautique de Défense: Sabena Technics, Thalès, Dassault Aviation, EADS Sogerma Services et Turbomecca. «Nous travaillons déjà avec tous ces acteurs et souhaitons le faire de plus en plus, déclare le général Denis Guignot, qui commande le CSFA. Les plateaux techniques sont notamment des choses qui fonctionnent très bien. Le principe est de mettre autour d’une table tous ceux qui sont concernés par une crise: fabricants, industriels et militaires. Il faudrait dupliquer ces plateaux techniques par avion, mais aussi pour échanger sur les retours d’expérience. Évidemment, ce sera plus facile à mettre en place si les organes de décision des industriels sont à Bordeaux, et pas à Paris. Nous leur avons fait comprendre notre opinion. Le regroupement étatique qui s’opère débouchera sur des démarches collaboratives délocalisées et donc sur un tissu industriel plus fort.» Comme le rappelle Benoît Fredefon, chargé de mission aérospatiale à la Direccte, «le fait qu’une structure d’achat soit basée en local ne signifie pas que les prestations seront réalisées en local. Mais un effet d’entraînement devrait s’opérer. Les négociateurs et experts techniques des industriels pourraient notamment rejoindre la Gironde». Le maire de Bordeaux et ministre de la Défense, Alain Juppé, a bien compris l’enjeu de la réorganisation qui s’opère: «Comment l’installation de la Simmad peut-elle inciter les industriels à compléter leurs centres d’études en Aquitaine? C’est tout l’enjeu des prochains mois».

Un salon de la maintenance aéronautique en 2012?

D’ores et déjà, le conseil régional s’active pour consolider le futur pôle aéronautique militaire. La Région reprend le centre de formation de Latresne de la DGA, Direction générale de l’armement (Voir interview), et envisage la création d’un salon MCO pour 2012. «Notre objectif est également de développer la dualité de notre industrie, sur le civil et la Défense, explique Anne-Cécile Petit, chargée de mission. Un partenariat a été signé avec la DGA pour faciliter l’accès des PME aux marchés de la Défense. Trois axes sont mis en avant: conforter l’excellence scientifique, partager nos connaissances du tissu industriel et valoriser les moyens d’essai de l’Armée.»

BAAS. «Raccourcir les délais entre le terrain et les industriels»

527 entreprises en Aquitaine, dont 26 grands groupes, sont actifs dans la filière aéronautique, spatiale et Défense. Elles emploient 19.000 personnes pour un chiffre d’affaires de 3,9Md€. Le marché de la maintenance aéronautique intéresse les entreprises à plus d’un titre : il est en plein développement, apporte un volume d’affaires pérenne et Bordeaux n’est pas concurrencé par Toulouse sur ce créneau. Les industriels de l’aéronautique regardent donc avec un appétit non dissimulé le pôle MCO (maintenance en condition opérationnelle) qui se crée autour de Bordeaux. Pour Jean-Luc Engerand, président de l’association BAAS (Bordeaux Aquitaine aéronautique et spatial, au centre sur la photo), l’enjeu est que Bordeaux devienne le «barycentre de la maintenance aéronautique. Les industriels travaillent déjà de façon étroite avec l’Armée de l’Air via des plateaux collaboratifs. Prenons par exemple Cicomore, la cellule intégrée de coordination de la maîtrise d’oeuvre des réacteurs. Cette structure réunit une vingtaine de personnes issues de l’AIA, du CSFA, de l’Armée de l’Air et de Snecma. Leurs réunions régulières permettent de raccourcir les délais entre le terrain et les industriels. Demain, cette collaboration sera encore plus forte. On peut envisager que certains salariés de grands groupes, comme les spécialistes de la logistique, des achats ou de la planification, soient implantés à Bordeaux. Le rapprochement de tous ceux qui font l’expression des besoins est une bonne chose.Nous espérons également fédérer les acteurs de la chaîne logistique pour gagner en visibilité sur les plans de charge et les nouveaux programmes comme l’A400M.»
 
«Un centre de dimension internationale»
 
Comment s’opère la passation de témoin entre l’Armée et la Région?
La Direction générale de l’armement a annoncé en 2009 qu’elle se séparait du centre de formation de Latresne. La Région a souhaité reprendre le site pour y monter un projet unique en France: un centre de formation a dimension internationale dans le domaine de la maintenance aéronautique. L’assemblée générale constitutive de l’association se tiendra en mars et la reprise officielle sera signée en juin.
 
Quelle est la vocation de l’Aérocampus?

L’activité de maintenance aéronautique, qu’elle soit militaire ou….
Lire la suite sur le site www.lejournaldesentreprises.com en cliquant [ICI]

 

À lire également