Le Parisien , samedi 18 décembre 2004
Le militaire qui s’était retranché dans un dépôt de munitions, dans la Marne, pour réclamer son maintien dans l’armée alors qu’il avait atteint la limite d’âge a été mis à la retraite hier. Il reste pour l’instant incarcéré.
LES AFFAIRES ne s’arrangent pas pour l’adjudant Le Tohic. Ce sous-officier qui, désespéré par sa mise à la retraite, s’était retranché plus de 60 heures dans un dépôt de munitions au début du mois, à Connantray (Marne), a vu sa demande de remise en liberté rejetée jeudi. Incarcéré depuis le 7 décembre, Régis Le Tohic reste en prison.
Pis pour lui : il est officiellement à la retraite depuis quelques heures. Selon nos informations, la ministre de la Défense a confirmé cette décision hier par pli spécial.
Une « mort lente » « Excellent professionnel » pour les uns, « ombrageux et procédurier » pour d’autres, le cas de l’adjudant Le Tohic divise dans l’armée de terre. Au final, il dérange. Maintenu à son grade depuis quatorze ans, cet artificier engagé en 1975 s’estime « brimé » par sa hiérarchie. Depuis des années, il conteste ses notations et découvre, effaré, sa mise à l’écart des tableaux d’avancement. Agé de 47 ans, il a atteint depuis minuit la limite d’âge dans son grade. Tourmenté par cette « mort lente », ce célibataire sans enfant, qui aurait tant voulu prolonger son engagement, a craqué le 3 décembre en s’enfermant dans un bunker bourré de mines antichars. « Il n’est pas démontré que mon client ait effectué des menaces sous conditions », insiste Me Ducrey, qui a grandement participé à la reddition du désespéré. L’avocat affirme que le sous-officier n’a pas menacé de tout faire sauter si on ne se penchait pas de nouveau sur son cas. « En arrivant à Connantray, un conseiller de la ministre de la Défense m’a informé qu’il s’était personnellement engagé à ce que le dossier de Le Tohic soit réexaminé. Mon client n’a quitté le bunker que par la suite », résume Me Ducrey. Depuis, il a défendu les mérites de l’adjudant qui, à ses yeux, n’ont pas été appréciés correctement. La réponse est tombée. Négative. Après une « vérification approfondie », le ministère de la Défense estime que le tableau d’avancement 2004 (où Le Tohic est absent) a été établi dans les règles de l’art. Autre constat : « L’examen minutieux du dossier Le Tohic n’a pas révélé d’éléments de nature à remettre en cause son classement par rapport à ses pairs. » Convaincu du contraire, Me Ducrey prépare la riposte juridique. Par ailleurs, l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) a lancé un comité de libération de l’adjudant Le Tohic.